Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/235

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— Oui, tout ce que je ne voulais pas accepter !

Elle quitta les remparts ; Patricio marchait à côté d’elle, ébloui par sa beauté.

— Commandez, ordonnez ! s’écria-t-il.

— Paroles que tout cela ! reprit Yerta en l’interrompant. D’autres m’ont offert de l’or, des bijoux, des parures à rendre jalouses des duchesses, toutes les choses enfin que le sabre d’un soldat peut conquérir. Aucun ne m’a dit : « Voilà mon cœur, voilà ma vie ; que tout périsse, je suis à vous ! »

— Et ne savez-vous pas que je vous appartiens ? Ne savez-vous pas… ?

Yerta posa sa petite main sur la bouche de Patricio, et, attachant sur lui ses yeux pleins des plus douces flammes :

— Plus de promesses ! murmura-t-elle. Si je vous demandais deux choses, je gage que vous me refuseriez.

— Moi ? Parlez, dit le lieutenant de Mathéus, les lèvres collées sur la main de Yerta.

— Deux choses, rien que deux : la clé de cette petite porte percée aux pieds des remparts…

— De cette porte dont la garde m’est confiée ?

— Et, de plus, le mot d’ordre qui en permet la libre entrée, dix sentinelles fussent-elles le mousquet au poing le long du mur.

— Le mot d’ordre aussi ? Mais c’est ma vie que vous me demandez, et avec ma vie mon honneur de soldat !

Yerta ferma les yeux à demi, puis les rouvrant :

— Craignez-vous de me les confier ?

— Yerta, tout, excepté cela.

— Que vous ai-je dit ? N’en parlons plus, vous êtes comme les autres ! Triste amour que cela qui ne sait rien donner ! Adieu, Patricio.