air le frappa au visage. Un soupçon s’empara de son esprit, et il s’engagea dans le passage obscur qui conduisait à la poterne et qui commençait au bas de cet escalier.
Au bout d’une trentaine de pas, son pied glissa dans une flaque de sang ; il se pencha ; le cadavre d’un soldat était couché dans un coin, contre la paroi du mur ; des pas nombreux foulaient la terre autour de la poterne.
— Aux armes ! cria Patricio d’une voix forte.
— Aux armes ! répéta la sentinelle perdue dans l’échauguette.
L’appel de dix trompettes leur répondit, et Patricio regagna sa chambre à la hâte pour avertir Yerta de ce qui se passait. Ce n’était plus l’heure des amours, l’heure de la guerre avait sonné.
— Ah ! Yerta ! quel réveil ! dit-il en entrant.
Personne ne lui répondit, la bohémienne n’était plus là ; mais la fenêtre était toute grande ouverte, et du balcon jusqu’à terre pendait un drap blanc qui montrait quel chemin la fugitive avait suivi. L’eau des fossés tremblait encore aux rayons de la lune, et une ombre incertaine courait dans la forêt.
Saisi d’une rage folle, Patricio s’empara d’un mousquet accroché contre la muraille, épaula et fit feu.
La balle traversa l’air en sifflant ; la bohémienne fit un bond et disparut dans l’épaisseur du bois.
— Ah ! je me vengerai ! s’écria Patricio Bempo, qui, ne la voyant plus, jeta le mousquet dans le fossé.
Autour de lui, dans le château, tout était rumeur et tumulte.
Mme de Liffenbach avait réveillé Mme d’Igomer, qui s’était jetée à demi nue dans l’appartement des deux cousines, ne pouvant croire au récit qu’elle entendait.
— Enlevées ! toutes deux ! s’écria-t-elle, Mlle de Pardaillan et Mlle de Souvigny ! Mais ils sont donc entrés ici, les deux huguenots !