Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/317

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« Ils sont encore là ! pensa Jean de Werth. »

Sans perdre une minute, Armand-Louis se mit en selle avec Renaud, et, suivis de Magnus et de Carquefou, ils s’élancèrent dans la direction que suivaient M. de Voiras et M. de Collonges.

Carquefou promenait la main tout le long de son corps.

— Penses-tu que je sois vivant ? dit-il à Magnus.

— Presque, répondit le reître.

— Si tu me le jures, je le crois, mais ça m’étonne !

Ils eurent bientôt rejoint la compagnie, qui venait de laisser une moitié des siens sur la brèche et tous atteignirent l’extrémité du défilé. De nouveaux horizons s’ouvraient devant eux. Le soleil, qui se levait, en éclairait les paysages tranquilles. On voyait au loin des colonnes de fumée, et sur la lisière d’un champ la troupe de M. de Saint-Paer, en bon ordre, attendait M. de la Guerche.

— Ah ! voici les nôtres ! s’écria joyeusement M. de Collonges, qui l’aperçut le premier.

M. de Voiras, qui marchait la tête basse depuis une heure, sourit et tomba de cheval.

— Adieu ! dit-il, du moins les Impériaux ne m’auront pas vivant.

Et il rendit l’âme, la main sur la garde de son épée.

Tandis que M. de la Guerche et Renaud étaient auprès de Mlle de Souvigny et de Mlle de Pardaillan, assises à l’ombre d’un bouquet d’arbres, brisées de fatigue, dévorées par la fièvre, Carquefou regardait en arrière, et Magnus en avant.

Presque au même instant, l’on vit, du côté de la montagne, que les Français venaient de traverser en grande hâte, une troupe de cavaliers qui descendaient la rampe du défilé, et l’autre aperçut au loin, dans la plaine, un nuage de poussière d’où partaient mille éclairs.