Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/336

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dans sa course, elle effleure le belliqueux Lion et le Bélier ami des batailles… Qu’il prenne garde !

— Qui ? Expliquez-vous ! demanda Wallenstein, qui ne respirait plus.

— L’astre qui est le maître de sa vie a pâli. Le ciel l’a dit et le répète : les ides de novembre seront fatales à Gustave-Adolphe !

La poitrine de Wallenstein se gonfla.

— Et c’est aujourd’hui le 1er novembre ! s’écria-t-il.

Seni traça sur le papier des chiffres et des paraboles ; Wallenstein le regardait retenant son souffle.

— Oui, fatales ! bien fatales ! répéta Seni ; le soleil s’est couché dans la pourpre… Que tu étais sombre, alors, étoile de Gustave-Adolphe !

Comme il sortait de la maison de Seni, Wallenstein, à demi vaincu, mais encore hésitant, rencontra un homme qui le cherchait. Il reconnut l’écuyer de Mme d’Igomer.

— Ah ! monseigneur ! dit cet homme.

Et, mettant un genou en terre, il lui présenta une écharpe souillée de boue et tout humide encore.

— Dieu ! morte ! s’écria Wallenstein.

L’écuyer se releva et, le front nu, raconta au comte de Friedland comment la baronne d’Igomer avait perdu la vie ; une seule chose avait surnagé, c’était ce tissu de soie, sauvé par sa légèreté. Maintenant Thécla dormait du sommeil éternel sous les glaïeuls et les joncs du marais.

Wallenstein écoutait l’écuyer d’un air sombre.

— Ah !… s’écria-t-il enfin, que la terre boive le sang… j’ai payé mon holocauste !

Et, mandant autour de lui les généraux de l’armée impériale, Isolani, Kolloredo, Piccolomini, Terzki :

— Messieurs, leur dit-il, demain nous livrons bataille à Gustave-Adolphe !