Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/34

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Ils rentrèrent dans Magdebourg, qu’ils trouvèrent en liesse. Des feux de joie brûlaient dans les rues, on perçait des tonneaux de bière et de vin, on dressait des tables ; les enfants chantaient et dansaient, toutes les portes s’ouvraient. Ce n’étaient partout que tapage et confusion. Quelques notables parlaient d’organiser un grand banquet à l’Hôtel de Ville, pour célébrer la délivrance de leur vaillante cité.

— Si vous n’obtenez pas de M. de Falkenberg que ces bourgeois retournent sur les remparts, Magdebourg est perdu, dit encore Magnus.

M. de la Guerche courut au palais du gouverneur.

Il le trouva rempli d’une foule immense. L’air retentissait d’acclamations. Les bourgeois, débarrassés de leurs armes, se félicitaient les uns les autres, les plus jeunes organisaient des danses sur la place publique. Armand-Louis eut grand-peine à pénétrer jusqu’à l’appartement où se tenait le capitaine suédois. Il le trouva en train de répondre aux dernières dépêches du comte de Tilly. Un bourgmestre, debout sur une table, en donnait lecture à haute voix aux magistrats et aux notables de la cité. Le ton en était extraordinairement modéré, bien que le général autrichien sommât encore la ville de se rendre.

— Le coq ne chante plus si haut ! dit l’un des auditeurs.

— Il commence à s’apercevoir que nos murailles ne sont pas en pain d’épices ! dit un autre.

— Le vieux coquin s’est enrhumé devant nos fossés ! reprit un troisième.

— Les médecins lui auront conseillé de changer d’air ! ajouta un voisin.

Le bourgmestre jeta d’un air superbe les dépêches sur la table, au milieu des éclats de rire et des quolibets de l’auditoire.