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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/39

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sauta vivement dans le fossé, saisit des deux mains une corde qui pendait le long de la muraille, et grimpa sur le rempart avec l’agilité d’un chat.

Magnus se jeta au-devant de Carquefou, qu’il venait de reconnaître.

— On a bon appétit, c’est vrai, mais on a de bonnes jambes, dit Carquefou. L’idée m’est venue, à la nuit close, de faire un tour de promenade du côté du camp impérial. J’en sais le chemin, l’ayant fait en plein jour et à cheval ; je me suis donc glissé jusqu’au bord de l’Elbe, tout là-bas. Ah ! les coquins, ils sont tous sur pied !

— Les Impériaux ?

— Hé ! mordieu ! je ne parle pas des Suédois ! Artillerie, cavalerie, infanterie, tout marche à la fois ! J’ai reconnu M. de Pappenheim à cheval, la cuirasse sur le dos, et derrière lui dix régiments. Les cavaliers ont le sabre au poing, les fantassins la pique ou le fusil sur l’épaule. Avant une heure, ils seront à Magdebourg.

— Et tu allais de ce pas… ?

— Chez M. de Falkenberg.

— Tu es un homme, Carquefou !

— Qui sait ! qui sait ! J’ai eu peur d’être pris comme un lapin dans son terrier, voilà tout.

Déjà, et tout en parlant, ils gagnaient l’un et l’autre la rue voisine. Des tables et des bancs, au milieu desquels dormaient pesamment quelques bourgeois, les encombraient. Magnus et Carquefou en poussèrent quelques-uns du bout de leur pied.

— Aux armes ! criaient-ils, l’ennemi approche !

Deux ou trois hommes, tirés de leur sommeil, se mirent debout lourdement. L’un d’eux reconnut Magnus.

— Ah ! l’homme de Maestricht ! dit-il.