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VIII

L’HÔTELLERIE DE MAÎTRE INNOCENT Tandis que maître Innocent passait le long du corridor, une porte entrebâillée laissa voir subitement le capuchon d’un moine qui avançait la tête discrètement.

— Les oiseaux sont en cage, dit tout bas maître Innocent.

Le capuchon du moine disparut.

Au bas de l’escalier, maître Innocent rencontra Magnus et Carquefou.

— Les chambres de Vos Seigneuries sont tout en haut, dit-il ; j’ai quelque regret de les avoir placées sous les combles, mais…

— Ne vous inquiétez pas, interrompit Magnus. Nos Seigneuries couchent auprès de leurs chevaux.

C’était leur habitude, en effet, depuis leur départ de Magdebourg. Il fallait voyager vite, et leur salut, comme celui des deux captives, dépendait peut-être de leurs montures. Magnus savait par expérience qu’un cheval négligé est souvent un cheval volé ; en conséquence, Carquefou et lui ne quittaient jamais l’écurie. Ils dormaient et veillaient tour à tour.

— Quoi ! des bottes de paille quand vous pourriez goûter le repos dans des lits mollets ! reprit maître Innocent.