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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/98

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de Pardaillan, je pourrais, à mon tour, employer mes bons offices pour vous tirer d’ici.

Renaud fit un bond.

— Mais, jour de Dieu ! je croyais que vous pensiez à Mlle de Souvigny ! s’écria-t-il.

— Oh ! j’y pense toujours ; mais, si je vous demande cette déclaration écrite et signée de votre main, c’est en vue d’un projet qui doit assurer le bonheur de Mlle de Pardaillan.

— Monsieur le baron, vous êtes trop bon ; j’ai le malheur d’avoir une disposition nerveuse si singulière, qu’elle me pousse à casser quelque chose, une table, un escabeau ou tout autre objet qui se présente à portée de ma main sur le dos de quiconque me parle de Mlle de Pardaillan ; cela pourrait nuire au riche mobilier que vous voyez. Permettez-moi donc d’espérer que l’entretien est fini.

Jean de Werth se leva, et montrant l’encre, la plume et le papier qu’un laquais venait de poser sur la table :

— Tout est là…, dit-il ; deux lignes sur ce papier, et, en considération de l’amitié que je lui porte, le seigneur Mathéus voudra bien vous fournir un cheval pour quitter ce château.

Jean de Werth descendit l’escalier, et bientôt après on entendit glisser dans leurs anneaux les chaînes du pont-levis qui s’abaissait : Jean de Werth s’éloignait.

La nuit vint de nouveau, silencieuse et noire comme celle qui l’avait précédée. Armand-Louis se suspendit aux grilles de son cachot et vit une lumière qui brillait dans la tour occupée par Renaud. La lumière allait et venait : c’était son compagnon d’infortune qui, avec la fumée de la chandelle, traçait sur le plafond de sa cellule l’image grotesque de Mathéus.