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Page:Achard - Les Coups d’épée de M. de la Guerche, volume 1, 1863.djvu/13

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A ces heures charmantes où l’aube s’éveille , il n’était pas rare d’entendre sa voix éclatante au bord d’une clairière devant laquelle il venait d’apercevoir Armand-Louis guettant les lapins .

« Viens çà , parpaillot du diable ; viens çà que je te pulvérise ! s’écriait - il, Viens confesser que tu n’es qu’un mécréant de la pire espèce ; je veux que ton hérésie morde la poussière, et te faire voir que tu es un misérable damné, prédestiné à la cuisine de l’enfer ! Viens , te dis -je, et que tous les huguenots tes cousins crèvent de dépit en voyant ta confusion ! »

Dès les premières syllabes de ce petit discours, Armand Louis s’armait d’une gaule .

Il savait comment finirait l’homélie.

Armand-Louis ne se mêlait pas d’éloquence . Il répondait aux démonstrations du prédicateur imberbe par des sourires ; quelquefois même , au plus beau de son improvisation, il l’interrompait par un sarcasme . Renaud devenait pourpre .

« Ah ! tu railles , coquin ! A moi les armes temporelles ! Elles auront raison de ton impertinence ! » disait - il alors. Et , les poings fermés, il tombait sur l’auditoire ; mais l’auditoire, qui n’avait pas peur de l’excommunication, ne reculait pas devant le prédicateur.

Nous devons ajouter qu’au bout de cinq ou six années mêlées de coups et d’oraisons, Armand-Louis n’était pas encore converti .

Dans leurs rencontres de tous les jours M. de la Guerche ne se montrait pas si prompt aux escarmouches que son adversaire , M. de Chaufontaine. On ne le voyait pas non plus éternellement occupé à battre la plaine ou les bois , en quête de perdrix et de lièvres , et cherchant querelle aux petits pâtres qui gardaient les brebis dans les landes. Il ne se montrait pas davantage amoureux de disputes théologiques ou friand d’aventures . Si autrefois, aux premiers temps de son adolescence , il était l’un des premiers