Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, I, Eggimann.djvu/154

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« Et moi, je ne veux pas que l’on me regrette, au moins qu’on me le dise, je veux au contraire que l’on sente tout le plaisir de faire ce qui est raisonnable et qu’on me l’envie. Le vrai plaisir n’est pas d’être avec des amis, des parens, des enfans charmans qui vous gâtent, qui vous caressent, qui vous font passer des momens agréables. Le vrai bien est d’être avec son précepteur, avec ses vignerons de Chambésy, avec ses murailles de Bellefontaine, avec son fermier de St-Jean, avec son jardinier qui ne fait rien, avec Blondel qui n’a point d’argent, avec des créanciers qui vous en demandent. Voilà avec quoi j’ai remplacé les jolis soupers, les jolies lectures et les jolis samedis. Ce sont mes pauvres filles que je plains, elles n’entendent plus les tricoteries et les grogneries de leur père, elles ont la peine de lire le billet du matin, de se coëffer l’après-midi, d’aller le soir au bal chez leurs tantes, chez leurs amies, elles rient avec leur cousin. Je les prie seulement de penser que cela ne durera pas, il y a des mois d’avril, il sera bientôt là… Seulement il faudra se faire donner parole de venir à