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que Victor pour suivre ces traces, celui-ci fut, dès sa naissance, destiné au service de France. Excité par ce qu’il entendait dire, l’enfant ne rêvait déjà que guerre. Il s’était fait une armure complète, cuirasse et casque de carton, épée faite avec un couteau que la cuisinière lui avait abandonné. Le fusil ne lui manquait pas. Il était à lui seul toute son armée. Tantôt il la rassemblait au son du tambour, tantôt il se portait en masse dans des postes intéressans. Puis il se posait en sentinelle à la porte où il présentait les armes à ceux qui entraient et dont la bonne mine lui paraissaient le mériter.

« Le Duc de Guiche dans la suite nous dit qu’il se rappelait l’avoir vu ainsi à notre porte. Pour le drapeau, il ne fut jamais abandonné. Il était blanc comme celui de la puissance qu’il voulait servir. Un mouchoir de poche encore très bon fut lié à un bel échalas. La devise ne s’oubliera pas. Il voulut la rendre à la fois claire et sûre dans son exécution : Vivre ou mourir fut écrit en grosses lettres au milieu. Il y avait plus de profondeur qu’on ne croit dans ces trois mots. Qu’est-ce que vivre pour une