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« Nous avons enterré mon beau-frère Pictet la semaine dernière. Il a laissé la plus jolie campagne de notre pays. On n’en peut dire autant de sa veuve, ni même qu’elle soit douce comme un mouton ». (27 mai 1768.)


Oui, St-Jean était bien beau dans ce temps. Devant soi on avait la chaîne du Mont-Blanc, au sud le Fort-de-l’Ecluse, au nord le lac Léman, et comme premier plan le Rhône roulant ses ondes bleues entre des rives verdoyantes et boisées. Aucune cheminée d’usine, aucune fabrique ne masquait un fragment de ce panorama, le cri de la locomotive ne troublait pas le chant du rossignol. Les salles de marronniers, les bosquets peuplés d’oiseaux offraient aux enfants de belles places pour leurs ébats ; et puis quelles joyeuses parties de cache-cache l’on faisait dans les communs ! Hélas ! ce fut même une de ces parties qui coûta à notre Rosalie la rectitude de sa taille.

Grand’maman Pictet avait défendu de monter à la grange ; on s’y trouvait pourtant un certain jour, jouissant peut-être d’au-