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ton esprit. On peut penser, parler et rire sans faire mille mouvemens, et, pour la clignoterie, je voudrais que, — puisque tu as le malheur d’avoir de mauvais yeux, et que tu ne peux voir et juger qu’en faisant un mouvement disgracieux, — tu renonçasses un peu à la curiosité, que tu te traitasses en aveugle, que tu attendisses que les objets vinssent à toi, et qu’en attendant tu pensasses et parlasses de ce que tu connais. Je crois que tu gagnerais beaucoup à cette manière. Cette tête qui se jette sur les objets, ce corps qui se penche souvent pour ce qui n’en vaut pas la peine, fait toujours une impression peu agréable[1]… »


Nous n’en sommes pas là, Rosalie n’a encore que neuf ans, mais déjà dans ses vêtements noirs, souffrant de son épaule et sentant peser sur elle sa responsabilité de sœur ainée, la pauvre petite bonne femme devait souvent froncer le sourcil. Pourtant, si Rosalie était parfois un peu « sermonneuse » avec ses frères,

  1. MCC. Bibl. de Genève.