Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/119

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de trouver « mon imagination trop mobile » ? N’est-ce pas le signe de la sensibilité que de « passer d’un extrême à l’autre » ? Mais non ! je suis ingrate, c’est par intérêt pour moi qu’il m’adresse des conseils, et puis comment peut-il savoir s’il ne parle pas à une enfant, puisqu’il ne sait rien sur moi, puisqu’il en est à se demander si je suis brune ou blonde, puisqu’il ignore jusqu’à mes goûts ?

« Vous voulez mon portrait ? Eh bien ! vous l’aurez. Ma franchise ira jusqu’à me peindre bossue et pauvre… »

Hélas ! ces aveux partis d’un cœur sincère ne furent pas sans refroidir Théodore, si enclin naguère à « reposer sur son cœur le cœur » de sa correspondante, et dans une nouvelle lettre, nous le trouvons plus disposé à parler de lui et de ses maux que des charmes de Rosalie.


Paris, ce 19 novembre 1791.[1] — Votre longue lettre, aimable Rozalie, m’a fait le plus grand plaisir, je l’ai reçue au milieu d’une convalescence qui n’est

  1. Cette lettre appartient à Mlle  L.-E. Rilliet, qui a bien voulu nous permettre de la copier.