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Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/348

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lorsque son frère était en Chine, ou même en Angleterre.

Enfin, il faut l’avouer, à partir de ce moment un trait de son caractère se développa dans des proportions attristantes et jeta un voile gris sur les quinze années qui suivirent.

Rosalie reprochait souvent en plaisantant à Mme de Charrière de vouloir rendre les gens heureux à tout prix. C’était le contraire qu’on pouvait observer chez la nièce. Elle voyait ses proches malheureux en toute saison ; même lorsqu’ils jouissaient très sincèrement de leur lot, même lorsqu’ils avaient des éclairs de joie très réels, toujours elle percevait le nuage prêt à leur cacher le soleil. « Mon cœur se serrait, de cruelles craintes, des pensées attristantes m’étreignaient », telles sont ses expressions familières lorsqu’elle décrit une fête ou un moment heureux.

Charles était établi à Saint-Jean, s’étant acquis une fortune très suffisante ; il était estimé de ses concitoyens, entouré d’une épouse et de deux filles charmantes. Lisette jouissait avec ses amis les « saints » d’une béatitude complète. Au milieu de ses