Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/369

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ble que je la juge avec impartialité. Quel dommage pour l’honneur de l’humanité qu’elle n’aye pas eu autant de grandeur dans l’âme que dans le génie. Le sentiment qui domine sur elle est une profonde pitié, car elle a souvent plus souffert que personne.

« J’ai dix fleurs commencées à peindre, j’y travaille avec passion… »


Mme de Charrière avait par son testament laissé à Rosalie son appartement de Chaumière pendant un an à partir de son décès. L’année écoulée Rosalie, après beaucoup d’hésitations, s’établit en viager au plain-pied de la maison de ses amis d’Arlens, rue de Bourg.

Elle y passa de tristes heures, n’ayant jamais pu s’habituer à la solitude et à la vie en ville, aussi ses amis se faisaient-ils un plaisir de l’accueillir chez eux. Constamment, pendant les beaux jours de l’été, on la réclamait à Vinzel chez Mme de Saugy, à Bussigny chez Mlle de Bottens, à Mézery chez les d’Hermenches, à Vernand chez les Polier, sans oublier Saint-Jean où elle fit des visites toujours plus fréquentes et longues.