Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/46

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petite fête. Nous portions des provisions, tu en faisais les honneurs comme propriétaire. Lisette nous apprêtait un déjeuner excellent, surtout avec l’appétit que la traversée du lac nous avait donné. Ah ! qu’il faisait beau, que l’herbe était tendre, la rêverie douce ! S’il y avait des trouble-fêtes, je les ai oubliés[1].

« Ce fut cette année-là [1785] que nous fîmes, Lisette et moi, avec mon Père, Mlle  Gallatin et Mme  Hardy, le voyage des glaciers de Chamonix, et j’ai envie de rappeler ici un joli déjeûner sous nos ombrages où étaient nos camarades de voyage, venus nous prendre à Saint-Jean. M. Huber, père du célèbre naturaliste aveugle, et ami de mon Père, se joignit à nous. C’était un amateur célèbre de dessin et de peinture, l’inventeur de ces découpures qui ont eu beaucoup de vogue par la difficulté vaincue, et qui rendaient la nature avec agrément par un simple trait de ciseau et un carton blanc où la perspective et des détails admirables étaient exprimés. M. Huber était connu

  1. Cette propriété fut vendue le 18 mai 1791 à M. P.-Fr. Tingry, lequel la légua à l’Académie de Genève (Archives de Genève).