Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Au fond Lausanne a toujours eu plus que Genève les sourires de notre arrière grand’tante et si plus tard, quand elle eut quitté Saint-Jean, elle crut l’aimer passionnément, c’est parce que, son imagination aidant, l’éloignement lui faisait idéaliser le souvenir qu’elle en avait.

Dans une lettre à Charles, écrite plus tard, elle dit ceci :

« Si mon Père n’avait point eu de dettes, si sa femme avait été raisonnable et bonne, si ses enfans avaient un peu flatté son amour-propre, s’il n’avait pas été sujet à l’inquiétude et à la défiance de lui et de ce qui lui appartenait, il aurait été très heureux à Saint-Jean avec les goûts et les occupations agréables qu’il savait se créer.[1] »

On voit à tous ces si que le bonheur de Rosalie, reflet de celui de son père, ne devait pas être absolument sans mélange dans ce séjour qu’elle veut nous peindre sous des couleurs enchanteresses. Eût-elle parlé d’elle-même et non de lui, les si auraient peut-être été encore plus nombreux.

  1. MCC. Bibl. de Genève, 1er sept. 1804.