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Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/80

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Tant mieux si ces honnêtes distractions pouvaient faire passer le temps sagement et joyeusement à Rosalie et à ses amies. La joie devait être rare et bonne à recueillir, car le ciel s’assombrissait de toute part. « Le jour de Saint-Louis, reprend Rosalie, on apprit la réduction des rentes de France par la bourse, ce qui fut le principe de la Révolution, elle commença à jeter l’épouvante et la tristesse dans les esprits. »

Le lendemain arriva à Lausanne la nouvelle de la catastrophe qui ruina la carrière de M. Juste de Constant, le père de Benjamin. Officier au service de Hollande, il avait commis nous ne savons quelle infraction qui, beaucoup exagérée par les ennemis que lui avait faits son caractère irascible, le porta à un parti qui lui fut fatal : En face des calomnies dont il était l’objet, il perdit la tête et s’enfuit, ce qui était le meilleur moyen de faire croire à sa culpabilité. Son frère Samuel, âgé et pauvre comme il l’était, n’hésita pas à voler à son secours. « Jamais, dit Rosalie, la chaleur bienfaisante de mon Père n’a mieux paru que dans cette circonstance. Durant sept mois, sa vie, ses forces, son