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LUC

mêmes sensibilités, et quelles répulsions ils auraient à vaincre s’il leur fallait se donner à d’autres qu’à celui, qu’à celle en qui se résument les délicatesses inouïes dont leur corps est l’exquise incarnation. Et c’est presque palpable, presque semblable à une blessure effective, presque pareil aussi à de la joie, la pensée douloureuse que ces deux êtres le pourraient trahir et se couvrir, Daphnis et Chloé, de leurs mutuelles caresses tellement douces et affinées et inlassables !… Puisque, un jour, cela doit être pour l’un et pour l’autre…

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Ah ! dans ce soir doré, la tristesse morbide du rêve qui se débat et se veut dégager de la possible réalité ! Comme Julien avait pressenti ces tourments dans cet autre soir où l’image juvénile de Luc s’était fixée, svelte et délicieuse et attirante, dans son cœur et dans son front lourd de songes, tandis qu’il se jurait d’obtenir de cet adolescent paré maintenant des fécondes magnificences de l’éphèbe, une chose d’une telle douceur que toute sa chair auprès de Nine, d’avance, défaille, comme au collège lorsque l’un de ceux qu’il aimait offrait à ses lèvres enchantées ses lèvres coupables en abandonnant à l’angoisse de ses mains la caresse de ses mains…