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LUC
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douces, et bien simples, comme toujours ; mais elles décelaient, cette fois, une telle affectueuse et tremblante et comme confiante admiration, que Luc en fut troublé violemment dans son cœur aimant et dans son corps avide d’aimer. Il ne sut que balbutier la musique timide et charmée de quelques mots aux confidences de sa petite amie. Et le trouble de ces paroles dont l’audace flattait tout son être, se mêlait aux bravos qui murmuraient encore à ses oreilles l’hommage de toute une élite conquise à la jeune grâce, au juvénile talent que célébrait Jeannine. Il se rendit compte, bien que très modeste et si simple ! de la gloire de sa jeunesse mais ne voulut point y penser autrement que pour la fierté qu’en ressentait Julien, et l’amour qu’elle exaltait en Jeannine. Ce fut elle qui collectionna les grands journaux mondains et les revues, et souligna les comptes rendus dithyrambiques consacrés à la fameuse soirée de Céailles, à l’originalité du Mariage de Figaro joué avec un adolescent dans le rôle de Chérubin, et cet adolescent, la fleur de toutes les adolescences : Luc Aubry, le déjà célèbre petit pensionnaire de la grande Déah Swindor.


Les éloges s’accumulaient dans les lignes et les pages, et les mots se désolaient de ne trouver pas une forme nouvelle pour dire la grâce, l’élégance, le charme dégagé de la personne jeune et du jeune talent de ce Chérubin, accompli tel que jamais la Comédie-Française, avec ses ingénues perverses et savantes, mignardes, précieuses et maniérées et — le pire peut-être — cagneuses comme la plupart des femmes, n’en avait offert au public. Un Chérubin

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