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LUC

svelte par une élégante petite main blanche, se livrait a des sursauts très brusques dont s’offusquaient les vieilles dames exactes aux offices. Elle bondissait, bondissait, la corbeille, devant les dévotes, impertinente et jolie. Mais lorsqu’elle rencontrait des enfants hypnotisés par la robe rouge et par la mine joueuse du petit clerc, elle s’arrêtait, la corbeille pomponnée, complaisante aux convoitises haletantes des tout petits. Et tandis que l’austérité du vieux prêtre se morfondait, l’enfant de chœur récoltait les sourires des jeunes mamans et les enfants étaient ravis de sa puérile munificence.

Dès que rentré à la sacristie, M. le vicaire le corrigeait pour son absence de dignité dans de telles fonctions :

— Luc, mon cher enfant, disait-il en s’efforçant de paraître sévère, nous ne voulons plus être bons amis, je vois cela ; nous avons toujours une cervelle d’étourdi ; nous sommes bruyant pendant le saint sacrifice de la messe, et nous causons de la peine au bon Dieu !

La punition ne se faisait pas attendre ; le cérémoniaire, en un geste de prélat, lui donnait une tape sur la joue… et sortait de son bréviaire une belle image où les saints et les anges avaient de beaux vêtements coloriés semés d’éblouissantes paillettes d’or. Luc riait de ses lèvres fleuries, et ses yeux riaient aussi dans l’ombre des cils très longs ; ses beaux yeux dont les larges prunelles du vert bleuâtre et doux des oliviers luisaient d’hyalines clartés sur le rouge vif de sa robe d’enfant de chœur. Et les angelots des images n’étaient ni si jolis avec leurs regards de lapis, ni si