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LUC

courte… les cuisses mouvantes dont la virilité glorieuse exhausse dans l’ombre de la tunique, jusqu’au centre fleuri, l’ardeur impétueuse des caresses pour lesquelles la nature souveraine les fit, tenailles douces et enjôleuses, s’ouvrir et se refermer sur les tourments délicieux de la chair !…

Et la pensée de Nine, dégagée de toute entrave, ample, large, s’épanouit au clair soleil ; non point animale et sournoise, mais hautaine sous le joug aimé du mâle très beau et très désirable — la pensée de Nine interroge, frémissante, le mystère de ce jeune ventre de Lucet d’où veut jaillir, dans le robuste essor du désir, la fécondité pour laquelle d’avance, avec son amour ignorant et ses rêves effrénés, s’ouvrent ses flancs avides de la communion suprême… La chair de son corps, sous les jeunes efforts de Lucet se ploiera à la loi formelle, tandis que son esprit et son âme seront ravis en l’absorption, qu’elle imagine totale, d’une beauté vers quoi tendent les fibres les plus généreuses et les plus douloureuses de son corps de vierge ; fleur dont les pétales se gonflent et se veulent ouvrir, saison venue, au pollen d’une autre fleur…


Ah ! posséder Lucet comme soudainement la possession vient de s’en révéler entière et trop imparfaite encore pour ce qu’elle voudrait abandonner d’elle aux meurtrissures possibles de l’adolescent son maître ! Oui, oui, Luc la possédera ; l’attirance de sa chair est un sortilège encore à demi incompris ; mais cela sera, en dépit des obstacles, en dépit de la morale, en dépit de la foi sévère… de la foi qui fait, même