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LUC

tout à leurs gardons. Elle chemina quelques instants sur la rive où des arbustes trapus interrompaient le sentier et le forçaient à remonter un peu vers les champs. Presque toujours ces bouquets épais de noisetiers, de jeunes chênes, d’églantiers et d’osiers encadraient des criques minuscules où l’eau s’avance sans profondeur et où il est facile de se dissimuler même aux regards des gens, très rares d’ailleurs, qui peuvent longer l’autre rive de la Seine. Nine allait de son pied léger, comme un oiseau. Elle laissa derrière elle le bac du passeur, un peu craintive de s’éloigner autant, mais poussée par une invincible curiosité sûre de sa récompense. Dans le silence absolu de la rive et le clapotis humide de l’eau, elle entendit bientôt des paroles étouffées monter jusqu’à elle. Elle écouta. Des chuchotements reconnus dénonçaient la présence imminente de ses deux gamins. Elle s’approcha encore. Entre les feuillages touffus des petits chênes, des églantiers et des osiers, la lumineuse réverbération de l’eau lui indiqua un couloir de verdure dirigé exactement, à hauteur de ses yeux, sur les personnages devinés à leurs bavardages méfiants… Elle voulut se retenir de sa curiosité et, pour se justifier, se garda fort de la juger coupable sans avoir vu…

… Ah bien ! les lettres impertinentes et gentilles de Lucet s’illustraient là singulièrement !… Et des fruits d’églantiers, dans la verdure caressante, rougissaient violemment, mais tout de même se penchaient sur l’eau gazouillante et limpide qui répétait les membres clairs de Robert et d’Edouard…

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