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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/235

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LUC
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plus encore que l’atmosphère de cette chambre où des feuillages d’automne et le pollen affolant des roses et la tiédeur du lit se répandent et sinuent en luxurieux arômes, Jeannine brave les scrupules de Lucet. Cette défense impossible aggrave le désir qui la précipite vers lui… Elle rejette l’épais manteau qui la couvre toute, et, dans le noir complice de l’alcôve, soudain, l’éphèbe se sent enveloppé de deux bras dont la chair attiédie caresse et prend sa chair. Un long frisson divinise l’ambre délicat de ses membres polis qu’embrasse la nudité de Nine…

De ses lèvres jolies il absorbe l’amante, des chevilles fragiles au front vêtu d’un flot de cheveux défaits. À leur tour ses doigts effilés répondent aux soins capricieux de la vierge en péril et font sa’bouche haletante s’épuiser en baisers…

Elle possède maintenant ce gamin dont les formes, sur la scène, avouent, en le maillot cambré, la force neuve, la douceur élégante… La force s’exprime en la violence qu’elle sent aux bras nerveux ; la douceur, en les recherches onduleuses des jambes ; l’élégance, en les yeux proches dont les longs cils battent ses yeux pervers, en les lèvres mutines qui mangent ses lèvres complaisantes… Et la gamine mignonne, et savante depuis peu, parcourt de ses menottes impertinentes et joyeuses de connaître, le corps frissonnant de Lucet.

Et l’adolescent rit dans la nuit aux fantaisies chuchotantes de Nine… L’image de la jeune fille travestie en page, tour à tour abandonnée ou raidie contre la violence de ses étreintes dans leur rencontre vespérale, se découvre en le maillot de Chérubin… et ce

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