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LUC

joie douloureuse l’ami devenu l’amant presque autant de Lui, en elle — que d’Elle par lui !!!

Luc et Jeannine tous deux unis dans sa pensée se magnifient. Le Fruit de leurs baisers adolescents est à lui… est à lui !!! La splendeur des membres très beaux de l’enfant très beau se donne dans son expression la plus pure ; elle va se faire sensible, cette splendeur intranscriptible, dans un fruit, et dans ce fruit jaillir en le vivant frisson de son charme intangible !!!

Oh ! comme les lèvres de Jeannine, et ses larmes sentent bon les lèvres et les yeux de Luc ! Comme il est plein de lui, ce baiser où Julien offre — sachant tout — d’être à elle, de sauvegarder aux yeux du monde non pas l’honneur — cette vertu de commerce — mais la tranquillité de Jeannine, la paix de son être à peine atteint par les caresses douces et jolies de l’adolescent, papillon amoureux et joli qui se vint poser sur une fleur et fit germer en elle l’éclat léger de sa grâce mutine et de sa beauté !…

Nine s’écrase contre Julien dans l’amour, cette fois, que vient doucement troubler, s’il le trouble, le désir au contact de ce fin visage de jeune homme, robuste et simple et d’une telle délicatesse qu’elle se sent aller vers lui sans effort et que toute son âme tressaille d’une joie plus intense, auprès de lui, que son corps n’en avait ressenti dans les bras joueurs du ravissant Lucet…

— Oui, Julien, je serai votre femme aimante et fidèle ; et puisque vous avez souffert, puisque vous souffrez encore, je tâcherai, pour deux, de câliner votre cher visage comme celui d’un frère aîné à qui toutes peines, désormais, doivent être épargnées…