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LUC
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connaît désormais que parce qu’il les lui faut garder ; autrefois il les ignorait, sa mère les prenait toutes… Il ne trouve plus personne pour lui recommander de ne pas attraper froid, de se couvrir, de se commander des chemises, des vêtements dont elle — elle, la maman, la Mère, — reconnaissait le drap avant l’achat… plus personne pour lui recommander de ne pas se fatiguer, pour mettre son foulard, le foulard qu’il ne voulait jamais prendre et qu’il était heureux de trouver le soir en rentrant du théâtre — pour mettre son foulard dans sa poche en cachette… plus de chocolat, ni de couvert mis en rentrant… plus de ces mille riens que savent les mamans et que comprennent ceux, comme Lucet, dont le cœur est resté cœur tendre de petit enfant… ces mille riens que savent les mamans prêtes à consoler, à comprendre, à défendre, sans en avoir l’air, le fils qui grandit et croit échapper et n’échappe pas encore et n’échappe jamais à leur tutelle généreuse et inlassable qui trouve à s’exercer dans les plus insoupçonnés détours de la vie… de la Vie si brève !! — Oh ! comme au retourdu cimetière, elle était déserte horriblement cette Vie ! — et déserte sa maison ! Comme tout manque à Lucet maintenant, malgré l’éclat des lustres et l’enthousiasme des bravos, et les adulations montant comme un flot caresseur autour de lui…


En peu de jours son père se remarie, la solitude aussi peut-être l’écrasait. Lucet quitte la maison de Nanterre et s’installe en garçon élégant et aisé rue La Boétie, proche Saint-Augustin. Un petit valet de chambre tient propre excellemment, avec une vieille