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LUC
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Le lendemain matin Edouard accourt de chez Julien et annonce la visite du docteur qui attend la délivrance pour midi.

Luc se fait répéter « pour midi ». Le petit lycéen répète :

— Pour midi.

Il a des yeux bleus très beaux, et les boucles blondes de ses cheveux contiennent du soleil… Luc prie Edouard de revenir à une heure rue La Boëtie ; l’enfant le lui promet formellement.


Quand Edouard revient, à peine est-il entré dans le cabinet de Luc qu’il le voit horriblement pâle sortir de sa chambre pour le rejoindre ; il chancelle ; Edouard veut le soutenir, mais il est trop faible ; il appelle le valet de chambre ; à deux ils entourent le petit comédien et l’étendent sur un large divan du cabinet de travail. Edouard interroge… Le valet de chambre apporte du vinaigre. Edouard en mouille le front livide de Lucet. Il voit ses dents se serrer et ses yeux, ses larges yeux dilatés prendre une fixité magnifique et terrifiante… Ses lèvres perdent la douce coloration rouge qui en faisait le dessin si pur ; une sueur envahit tout son front… Edouard l’interroge… Luc ne peut ou ne veut plus parler ; il dit seulement à mi-voix :

— … J’ai mal… Un prêtre…

Le petit valet descend quatre à quatre, court à Saint-Augustin et trouve à la sacristie un vieux vicaire qui le suit tout de suite, inquiet et empressé, au seul nom de Luc Aubry… L’abbé veut savoir quelque chose, mais le jeune serviteur, abasourdi de cette maladie