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LUC

Julien essaie vainement de parler à Lucet ; aucune réponse ne lui vient plus du petit comédien…

Le docteur fait signe que le dénouement s’approche… Le prêtre bénit l’enfant, de la fenêtre où il se tient, paternel et noyé dans ses larmes. Et Julien est accablé de douleurs, à genoux, écrasé, contre son Lucet… ah ! son Lucet !!! Il veut pour que son petit ami soit bien certain du pardon, lui rappeler d’un mot l’affection, l’amour, la joie, tout, tout ce qui fut le charme et l’angoisse de sa vie ; il serre les mains froides de Luc et murmure dans son oreille, dans sa petite oreille mignonne demeurée de gamin fragile, en touchant des lèvres sa joue glacée, jusqu’à la baiser tendrement :

— … Chérubin !…

Mais Luc se défend un peu, il fait signe que « non ». En se détournant sa bouche rencontre la bouche de Julien et demeure contre elle quelques secondes… On dirait que Luc voudrait sourire… Il fait un grand effort comme pour se lever… Julien appelle ; Edouard accourt de la chambre voisine ; avec le médecin et le petit valet de chambre on essaie de le soulever… Sa tête sans force retombe sur son cou entièrement dégagé dans la chemise grande ouverte qui laisse voir la blancheur de sa poitrine d’une pure beauté… Il recommence le meme effort pour se lever… On ne peut deviner ce qu’il veut. Il s’immobilise sur son séant, regarde fixement Julien qui le soutient, Edouard et le prêtre, et murmure :

— … Pauvre… Chérubin !…

Julien le baise au front… longuement… Tout doucement Lucet répond à son étreinte :