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LUC

en l’étroitesse de la gaine noire révélatrice de ses formes éphébiques. Et le tapis bouton d’or tendu partout dans la galerie incendiait son cœur et ses yeux tandis que la voix de Déah, en caressants murmures, s’excusait de le recevoir ainsi préocupée et en une tenue d’une telle extravagance. Mais Luc Aubry buvait des yeux la splendeur de ce Costume ; il se voyait lui-même ainsi vêtu ; ses jambettes pâles découvertes en les fins contours d’un maillot auquel sa chair exigeante déjà, se caresserait avec le bonheur de caresser d’autres yeux, comme Déah charmait la curiosité flattée de ses regards… Elle gronda doucement pour leur lenteur ses costumiers et ses caméristes, et finit par demander gentiment à Luc ce qu’il pensait de ce travesti sur lequel se fondaient les yeux avides du petit chanteur. Elle allait, venait sur la coulée d’or du tapis, entre les glaces où les lampadaires multipliaient leur flamboiement, où son image découpée en noir, mille fats répétait son élégance. Lucet voulut formuler son opinion lorsqu’un domestique annonça deux invités dont les noms étaient fort connus : Didier, l’exquis musicien, et Cavenel, le peintre de conception un peu extravagante ; un troisième convive entra : André Bizet, le jeune poète aux œuvres très applaudies déjà aux Français et chez Déah Swindor. Dans son costume du dernier acte d’Hernani, elle présenta Lucet ; Lucet salua le peintre, le musicien, le poète, puis le quatrième arrivant, Albinet, sculpteur maître de Déah et thuriféraire attaché aux gloires des trois autres personnages qui, eux-mêmes, formaient la cour artistique de la comédienne. L’honneur n’était pas mince pour