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LUC

— Vois ma splendeur, aime-moi…

Les carillons vibrent dans l’air frappé de leurs bronzes sonores, joyeux et clairs… Sa voix sera soleil, fleurs et carillons, clartés, parfums et prière — amour aussi. Oh ! oui, oui ! Jamais son cœur n’a battu comme ce matin-là, même quand Déah Swindor le baisait ou quand Julien Bréard, très enfant, très doux et très beau, se serrait contre lui, la nuit, en parlant avec lenteur de choses douces infiniment et presque inconnues à Lucet.


Jeannine est chez elle encore. Sa mère autour de sa blancheur s’empresse, effleure d’une main légère les mousselines translucides de la robe et des voiles, pique avec des épingles, sur sa tête coiffée d’un puéril bonnet de tulle, une couronne de roses blanches. Jeannine est pure, Jeannine est une vierge. Elle est en état de grâce — oh ! la douceur jeune et printanière de ces mots lointains « être en état de grâce ! » — et son âme mignonne et jolie frissonne comme les voiles blancs que soulève la jeune brise traversée d’une lumière opaline, bercée par la chanson des cloches…

Jeannine est descendue. Sa mère n’a pas voulu qu’elle prît le coupé. Le chemin est bref de la maison à l’église, Jeannine le fera à pied, humble comme ses petites compagnes, voletant, légères et blanches colombes, droit à leur colombier déjà tout bruissant d’orgues dans le rayonnement des cierges et des lampes.


Luc va chanter. Il devine, avec sa sensibilité de