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LUC

imaginé dans un rapide examen de ta personne menue ; de tout près, comme ça, tu es bien plus gentille encore… Comme je voudrais t’aimer beaucoup, beaucoup !… seulement voudras-tu ?…

Les yeux de Jeannine répondent : Comme tu es bien plus joli de près. C’est pour toi que l’on a inventé ce mot très doux et très caressant : chérubin. Je le connais bien, va, je l’ai pensé dès que je t’ai vu, petit enfant de chœur, quand je t’ai aimé pour la douce crainte venue de toi, douce tout à fait et que j’éprouve encore en regardant tes beaux yeux et ta bouche, mais que je ne comprends pas. Voudras-tu me dire pourquoi tu m’effraies, chérubin, et me rassures tout ensemble ? C’est moi qui suis contente d’avoir, pour te connaître enfin, mis ma neuve robe blanche, comme pour un mariage ! Je ne sais pas si je t’aimerai, petit ami très séduisant et très joli, mais tu me fais peur, et j’aime trembler près de toi.

Lucet devine, en la fraîche jeune fille dont l’éclat doux neige dans ses yeux, tout cela. Jeannine sait bien que le jeune chanteur pense tout cela aussi en l’abordant, la présentation sitôt faite par sa mère. Ils se comprennent comme à l’église quand Jeannine, quand Nine, rougissait devant l’enfant de chœur brun, soucieux, pour lui plaire, de corriger le désordre de ses beaux cheveux en se mirant dans la petite glace cachée en un coin de la sacristie.

Et voilà les cloches qui sèment encore leurs carillons dans l’air bleu pailleté d’or, et voilà des lilas, des violettes et du muguet, des coucous et des giroflées embaumées, avec des marguerites, traînés vers Montmartre dans les paniers et les voiturettes ; la

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