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PARTENZA…

centes sur lesquelles nous passons échauffent l’air qui frémit au-dessus, et le vent piquant commence à souffler emportant des tiédeurs dans sa course. Auprès d’une de ces cheminées sans cesse en activité, le sol est brûlant, et l’on nous dit que ce serait dangereux de nous attarder sur cette croûte ; elle pourrait craquer et nous entraîner dans les incendies du sous-sol.

Et le panorama s’étend immense, en bas, autour de nous : les bateaux minuscules font briller leurs larges voiles étendues comme des ailes de grands oiseaux sur le clapotis incessant des flots. Naples ressemble à une grève rose semée de coquillages tout blancs : Sorrente, très discrète, se cache dans les verdures luisantes des orangers, sur le promontoire effilé qui, à notre gauche, s’avance vers Capri haute et translucide comme un gros cabochon bleuté ; à droite se détache Ischia, plus effacée sur l’horizon embrumé d’or. Les nuages légers promènent sur la mer et sur la campagne de longs faisceaux de lumière qui embrasent au ras de terre des villages entiers, plaquent sur la mer des resplendissements fantastiques, tandis que dans l’air ce sont des rayures diaphanes allongées entre le ciel et la terre, comme il en tombe à travers les vitraux des cathédrales, violettes, bleuâtres, rosées et dorées, ajoutant à cette apparence de chaos où nous sommes perdus le vacillement de l’atmosphère, la danse de toutes ses molécules qui se désagrègent, perdent leur équilibre et s’effondrent dans la décomposition de toutes les couleurs…