Aller au contenu

Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
PARTENZA…

sans hésiter le hullulement de ses lèvres exsangues : des cartes transparentes… signor… signor… una bella ragazza ?… quindici anni !… Et son inflexion de voix veut dire : j’ai mieux dans le cas où vous trouveriez tout cela un peu banal. Je poursuis mon chemin. Un peu plus haut, pour que je comprenne, — et puis il y a beaucoup moins de monde où nous sommes, — signor… signor… bel ragazzo ?… signor, sedici anni… bimbo molto bello, molto birichino ! signor

Le coquin ! Je m’y attendais. Il paraît qu’un… courtier de ce genre ne reste jamais coi ; — Naples se souvient de Caprée, — il lui reste toujours en dernier ressort un appât merveilleux auquel ne résiste pas la vertu la plus solide, et la mienne ne l’est guère !…


Je regagne l’hôtel, tranquillement, par les quais traversés déjà ; je n’ai plus de frissons dans la solitude des ruelles étroites et des obscurités mystérieuses ; je me suis exagéré le danger. Sans doute les filles aux lèvres rouges sont très paisibles ; sur leurs seuils hospitaliers, elles attendent des amants, ne désirent que des baisers qu’elles voudraient recevoir et rendre avec lenteur ; le sang ne coulera pas par le rasoir, mais le bruit étouffé des soupirs sous les lèvres unies s’en ira tendrement…

J’ai peur maintenant des lumières aveuglantes et des grandes maisons blanches dans les rues trop larges où des faces glabres vendent d’énervantes caresses, postérité infâme de ce Cesonius Priscus, chevalier romain. Intendant des Voluptés de Tibère