semblent copiés sur des pièces de musée : leur unique destination est d’être utiles ; il arrive que, par une sorte d’atavisme, les modestes artisans qui les façonnent, héritiers des esthétiques passées, leur donnent par sucroît l’élégante simplicité, la pureté de lignes que l’on chercherait parfois en vain dans des profils mieux étudiés. Le soleil de midi mire ses rayons d’or dans les cuivres de ces bassins ; des jeunes filles accroupies tendent leurs nuques flexibles à ses baisers, tandis qu’elles soufflent du feu dans un des braseros. L’air est doré, le soleil est doré, les cuivres sont dorés, les chairs des filles sont belles à voir, tout dans ce cadre à souhait forme un tableau original et vécu de quelque scène antique…
Nous montons vers San Martino. Quel spectacle, et comment oser en parler ! La mer étend sur Naples une draperie somptueuse diamantée de mille reflets qui se jouent dans les facettes des vagues molles brodées des passementeries irisées de l’écume. Elles jettent leurs résilles de perles d’Orient sur le bleu ruisselant de ce voile merveilleux, Zaïmph sacré de Tanit, retenu là-haut sur l’horizon par ces deux îles enluminées de vert tendre et d’or pâli comme deux clous de Chrysoprase : Capri, Ischia…
Ischia, de ses fleurs embaumant l’onde heureuse
Dont le bruit, comme un chant de sultane amoureuse,
Semble une voix qui vole au milieu des parfums.
Ces jolis vers des Orientales s’égouttent dans ma mémoire, doucement, très doucement, au pas lent du petit cheval qui nous emmène, tranquille, au-dessus