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PARTENZA…

Les derniers ouvriers occupés aux fouilles passent devant nous et regagnent leurs maisonnettes dans la campagne ; leurs pas résonnent un instant, puis s’effacent, sous la voûte où nous nous enfonçons à leur suite, ne laissant personne après nous dans la ville muette. Il me semble qu’elles vont être affreusement seules cette nuit, sur les dalles irrégulières et larges des hauts trottoirs de lave, les fontaines aux mascarons grimaçants, d’où l’eau fraîche s’écoulait entre les blocs énormes placés là-bas au milieu de la rue, écartés pour le passage des chars et servant aussi de gué aux jolies filles qui, soulevant leurs voiles, sautaient de l’un à l’autre sans mouiller leurs pieds nus. Elles vont être seules les colonnades du forum, peintes de vermillon ; seuls, les autels de marbre des temples, sanctuaires sans dieux et sans prêtres. L’irrémédiable silence plane sur les murailles de granit, sur les écroulements de cette ville qui, la nuit venue, reprend son aspect de nécropole ; plus jamais ne viendront le troubler les frôlements des sandales, les rires joyeux des gamins et les bruits de la foule, les applaudissements des théâtres et des cirques et les appels mystérieux des courtisanes. C’est en vain que sur les seuils déserts doucement persiste le mot de bienvenue :

S A L V E

Dans l’atmosphère antique et pénétrante qui règne ici, le Musée se dresse comme un anachronisme, et Ses vitrines désolées succèdent, dans la lumière bla-