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PARTENZA…

Pres de la sacristie, parmi les boiseries somptueuses d’une salle d’apparat où des trônes aux marquetteries précieuses, sur chaque face, appuient leurs bras refouillés au ciseau, — un clerc esseulé avive de ses lèvres roses de gamin déjà petit homme les braises mourantes d’un encensoir ; ses mains jolies se nouent aux lacs pesants des chaînettes d’or et la douceur de ses yeux s’ouate de pâles fumées bleues. Il sait donc qu’il est très beau, que voilà prête à sourire sa bouche malicieuse, parce qu’il sent mes regards rivés à ses gestes espiègles ? Alors il y a des choses que je voudrais bien connaître, des noms de peintres, d’architectes, des heures d’offices, que sais-je ? Il’répond, svelte et rieur dans la mutinerie câline de son visage charmant.

Quelle importante monnaie prise au hasard mis-je dans sa menotte adolescente embarrassée de chaînettes d’or ?… Si Virgile n’avait envoyé, pour nous conduire à Naples, l’Alexis séduisant de ses Bucoliques, je n’aurais jamais aimé des yeux plus beaux que les yeux noirs du petit cardinal de quinze ans, enfant de chœur à Saint-Jean-de-Latran.

…Depuis, j’ai revu les colonnettes orfévrées du cloître basilical, transcrites par Viollet-le-Duc dans ses dessins du Trocadéro. Leurs joailleries m’ont fait souvenir de ce garçon très mignon, parce que le Maître incomparable évoque, là aussi, d’un crayon magistral, les luminosités païennes du Temple de Girgenti qui me fait regretter le catholicisme sévère de Latran.

Dans une autre basilique, jadis, j’eusse baisé ses lèvres ardentes et ses poignets d’opale, à cet ado-