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PARTENZA…

la bure qui leur va comme un manteau royal, de larges écussons dorés et enluminés de belles couleurs héraldiques, si simples et si justement serties là dans les échancrures des mâchicoulis, non pas pour en atténuer la sévérité, il n’y a rien à atténuer ici, tout est la perfection même, mais pour ajouter plutôt une coquetterie, un semblant de joyaux et d’orfèvreries sur les grosses pierres irrégulières qui bosselent la façade. La tour jaillit d’entre les créneaux et jette dans l’azur trois cents pieds de fière et mâle et majestueuse architecture.

Je l’ai déjà dit, c’est toute Florence, ses arts, sa beauté, sa force, la force méchante et formidable de ses luttes municipales, les déchirements de ces deux factions, dont les noms jettent à travers les siècles un bruit de trompettes, un choc d’armures, un cliquetis de dagues : les Gibelins et les Guelfes ; c’est aussi la grâce rayonnante et survivante de ses élégances finies, résumées dans la silhouette de cette chose colossale sur laquelle se joue la lumière éclatante et s’incrustent profondément les ombres sévères : la Tour du Palais-Vieux.

Sur la cour, une lame d’or tombe lugubre comme au fond d’un puits et souligne de cernes noirs les sculptures délicates en les colonnes massives ; elle se répand sur les dalles, glisse avec peine sous les galeries où flottent des voiles grisâtres et les morceaux d’étoffe des fresques dans lesquels devaient très bien s’envelopper autrefois les durs visages et les costumes aux pittoresques arrangements des reîtres et des lans-