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PARTENZA…

depuis, les œuvres italiennes modernes aux grâces énervantes et mignardes.

La Loggia del Bigallo, c’est, plus encore que la Loggia de Lanzi, un peu de l’intimité de Florence libéralement offerte au passant. Ce n’est pas le seuil qu’il faut franchir pour aller ailleurs, au fond d’un palais, d’une basilique ; c’est un tout bien entier, bien complet que les yeux embrassent immédiatement sans effort. Est-ce un parloir, une chapelle ? peut-être une chapelle, avec les fresques effacées et les trois niches légères qui abritent des saints, dans l’ombre du large toit, en auvent sur la rue, suspendu par des poutrelles peintes et sculptées d’un bien joli détail dans l’ensemble de la charpente apparue sous les tuiles. Une porte basse s’ouvre sous l’image accueillante d’une Vierge éclairée le soir par une frêle veilleuse.

Je me suis plu à trouver à cela une séduction d’alcôve, d’alcôve parée, comme un tabernacle, de fines orfèvreries ciselées dans la pierre. Il y a, pour fermer les baies au plein cintre d’une aimable et spirituelle renaissance florentine, des grillages d’un ravissant travail, hauts seulement comme un appui de communion. Et je ne dis pas que par les beaux clairs de lune d’un bleu pâle, glissant unis et tranquilles sur les seuils clos des maisons de la ville, je ne viendrais pas me reposer là devant l’un ou l’autre portail de la loggia, sur les degrés de marbre, pour rêver à je ne sais quelles choses impossibles ; pour attendre je ne sais quoi d’insaisissable ; pour me perdre en des pensées indécises comme les ombres accrochées par les clartés lunaires,

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