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PARTENZA…

Il me plaît qu’un peu de tristesse se mêle à tant de joie : voici, enfouie sous les verdures, comme un nid, la chapelle funéraire du duc d’Albany. Mais la mort même, ici, refuse jusqu’aux apparences du deuil, et tout au plus est-elle mélancolique — si divinement ! — la chapelle élégante, toute de bois clair et luisant égayé de cuivreries, chef-d’œuvre de comfort anglais où l’on a songé d’abord à vètif la prière de parures légères qui la retiennent à peine et laissent libre son essor vers le ciel. Point de marbres pesants ; seulement un Carrare éclatant de blancheur dans lequel s’est figée la figure du prince, délicate et fragile. La chapelle est déserte, mais j’évoque aisément les cérémonies de ce culte protestant dont la froideur stérile contraste avec la joliesse de tout, ici ; je vois, attentifs sur les stalles de bois vernis, les boys aux vestes courtes, aux chevelures fines, aux yeux clairs dans l’ovale aristocratique du visage ; les misses frêles et dodues aux jolis yeux de babys, aux joues roses à travers les boucles retombantes de soieries blond cendré, avec, dans le sourire de leurs lèvres rouges et mouillées, la double ceinture de leurs dents blanches et ténues. La délicieuse chapelle ! où dort le prince que viennent regarder ses petits frères et ses petites sœurs, dont les voix fraîches et caressantes chantent les psaumes des eucologes qui demeurent là, à chaque place. Un que j’ouvre porte à la première page blanche ces noms seuls : Harold M. Merton, avec ceci exquisement, étrangement mélancolique, et si conforme à mes propres pensées, en ce moment même, dans cette

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