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PARTENZA…

profonds comme un peu de ciel, et comme lui d’une beauté qui confine à l’angoisse…


Nous redescendons par des sentiers de mimosas aux petites feuilles légères et menues ainsi que des plumes. Dans les jardins, les globes vermeils des oranges se balancent, lourds, parmi les fleurs virginales ; des roses envahissent les parterres ; des fougères arborescentes empanachent les pelouses de leurs splendeurs tropicales ; et partout, sous nos pas, autour de nous dans l’air, s’épanouit en rires sonores la joie de vivre. Les orchestres invisibles, dans le parc des hôtels, chantent les chansons langoureuses des tziganes coupées par le roulement métallique des tambours de basque dont frétillent les disques de cuivre. Le soleil très haut dans le ciel darde sa prodigieuse vitalité sur la terre bénie ; les montagnes exultent de richesses, de verdures ; les jardins distillent, comme des cassolettes orientales, d’invraisemblables arômes ; la mer charrie des pluies d’étoiles. C’est un écrasement d’or, de parfums, d’azur et de musique ; c’est l’énervante mélopée de la matière triomphante, dont chaque note vibre et s’enfonce dans la chair délicieusement pâmée en d’interminables jouissances…


Nice maintenant après Cannes. Il semble que nous rentrons à Paris dans la cohue des omnibus, happés au passage par cent bouches, deux cents lèvres qui glapissent les noms d’hôtels écrits en lettres d’or sur les casquettes trop galonnées, comme des livrées de ras-