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PARTENZA…

par intervalles au-dessus de lui ; à ses pieds, des boulets sont dressés en pyramides sur le derrière des canons ; et ces menaces enfantines sont amusantes et ajoutent encore à la tranquillité de cette invraisemblable principauté détachée comme une île de rêve du reste de la terre.


Monte-Carlo, savamment maquillé, fardé, surchargé de bijoux dorés, lourd de pierres fausses et de clinquant ! Monte-Carlo étonne par l’ordonnance parfaite et l’alignement rigoureux de son ensemble. À Monte-Carlo les poses sont savantes et étudiées, à Monaco elles restent encore à demi sauvages. Ici, les fleurs, petites maîtresses susceptibles, sont recouvertes, la nuit, d’une housse d’étoffe qui préserve leur fragilité des morsures du souffle âpre du large ; là-bas Sur le rocher elles ne craignent pas d’être enveloppées dans les baisers du vent de la mer, dût-il laisser sur elles, à peine, l’empreinte de son mâle enlacement, la rougeur des étreintes mystérieuses des soirs…

Noël ! c’est Noël déjà quand s’allument tous les feux de la ville, quand le vieux rocher de Monaco n’est plus, de l’autre côté de l’eau, sur le bleu noir du ciel, qu’une masse énorme aux silhouettes grises et fantastiques piquées çà et là de quelques points de lumière, étoiles qui semblent tombées du ciel où commencent à clignoter leurs yeux d’or pâle… Noël ! Noël !…

Au Casino la cohue se presse. Quels pauvres visages ! dans les salons des jeux, autour des tables vertes, éclairées au milieu de la demi-obscurité qui flotte au-