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PARTENZA…

ficence et que j’aurai vécu ces heures trop brèves côte à côte avec cette vision doucement obsédante, dans les froissements des soieries, dans les caresses des velours, dans l’invincible enlacement des regards de femmes que je n’ai jamais vues, mais que je devine à travers les siècles, et que j’aime pour ce qui reste de leur beauté irrémédiablement attaché aux murailles, aux verdures, au ciel de leur belle cité !

Et, la quittant, Genova la superba, je salue la grande ombre de Colomb vers qui, sur cette place dell’Acqua Verde enfouie dans les maisons roses, s’inclinent en ce moment, courbées par le vent qui passe, les palmes flexibles aux mille pointes dorées sous le soleil…


Dans le compartiment du train qui doit nous emporter vers Rome ont déjà pris place deux jeunes gens qui regagnent, les vacances de Noël terminées, leur École navale à Livourne. Ils déjeunent avec un appétit plus réjouissant à voir que leurs physionomies qui ne paraissent pas extraordinairement enchantées de nous voir partager leur société. Le train est presque au complet partout ; nous n’avons pas le choix, et d’ailleurs nous roulons avant d’avoir eu le temps de chercher un milieu plus sympathique. Je me réjouis de retrouver autour de moi les yeux clairs des jeunes gens au nombre desquels je n’ose déjà presque plus me compter, mais je suis forcé de convenir que malgré leur uniforme coquet, les broderies épaisses de leur casquette, la ceinture vernie qui retient une dague très courte et fort jolie avec ses garnitures dorées et sa