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PARTENZA…

montai plus haut, dans la boule de bronze traversée par une tige de fer qui supporte la croix ; et je me souviens que, ainsi détaillée, l’immense basilique prenait des proportions cyclopéennes. Redescendu en bas dans la rue, les maisons me parurent extrêmement misérables de petitesse, et les hommes semblables à de petites choses mesquines et fragiles…

Aujourd’hui nous avons seulement voulu nous agenouiller sur le tombeau de Pierre, devant les balustrades de jaspe et d’onyx où s’accrochent les clignotements perpétuels de cent lampes de vermeil. Las ! ma prière reste glacée sous le froid des marbres, timide devant les pompes de ce temple unique et fastueux, propice aux chants de triomphe, peut-être, mais mortel aux humbles prières comme la mienne qui n’ose prendre son essor dans l’effroi de cette immensité…

Tout à l’heure nous partons à Naples, puis nous reviendrons dans Rome passer quelques heures encore, trop courtes pour ce que j’aurais de souvenirs à réveiller, assoupis déjà sous les poussières lumineuses du printemps qui, pour moi, s’achève. Je suis heureux de les raviver un peu, ces souvenirs, avant qu’ils s’enfouissent dans la poudre épaisse et grise des années de maturité et de défaillance que rien alors ne pourra plus disperser… Et malgré l’éclat si pur de cette matinée très fraîche et très gaie par l’azur doré du ciel, je me sens le cœur oppressé d’angoisse, à la pensée qu’un jour la vieillesse viendra, inexorable.