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PARTENZA…

tions ! Et ce m’est une joie presque maladive, rien que de me savoir dans cette Naples merveilleuse dont les beautés m’entrent par tous les pores, dont les lumières s’inoculent à moi-même, me pénètrent de sensations que je ne saurais exprimer ; mon cœur se revêt des couleurs qui charment mes yeux, il répète la chanson de toutes choses, il se gonfle et se soulève comme la grande mer où se dissolvent des paillons argentés dans les eaux limpides ; et cela est bien sot et bien enfantin, j’ai envie de battre des mains comme les petits enfants, et je sens que si je faisais cela, les larmes arrêtées au bord de mes yeux seraient capables de sauter le long de mes joues ; et l’on n’en saurait pas la cause, et ce serait ridicule en effet…

Mais le décor va changer.

Nous venons de traverser beaucoup de places et de rues. Nous sommes déjà dans les faubourgs de Naples. Des femmes laissent glisser, des étages élevés, de pauvres paniers très sales, pendus à l’extrémité de cordages disparates mal assemblés bout à bout ; le marchand qui passe et crie ses misérables denrées, prend dans le panier la monnaie déposée, il y place en échange les légumes, les petites épiceries ; la femme, là-haut, tire à elle son vieux panier et n’aura pas la peine de descendre faire son marché. Cela est d’une belle indolence ; mais les maisons sont quelquefois si hautes, et nous savons que ce n’est pas à Naples seulement qu’il est doux de ne rien faire !

Ces faubourgs allongés vers la mer, de Naples à Résina, sont horribles. C’est de toutes parts un suinte-