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PARTENZA…

des créneaux guelfes et gibelins du Palazzo Vecchio pour se rendre formidables, on est surpris pourtant devant l’ampleur monstrueuse de ce palais-ci. Les assises des deux terrasses qui s’avancent sur la route et la surplombent sont faites de blocs tels qu’ils rivalisent, je pense, avec les matériaux des temples de la Haute-Égypte et ceux de Baal-Beck dans les plaines bibliques de la Palestine, fameux par les dimensions que nous ne concevons plus guère et que nos puissants leviers ne pourraient mouvoir.

Un banquier traficant d’or, de soieries, d’épices et de teintures précieuses, un marchand, Luca Pitti fit commencer ce palais, rêve d’un petit-fils des Pharaons. Et l’on comprend, en face d’un pareil document, ce que pouvait être la puissance de ces marchands dont furent les Médicis qui donnèrent au palais Pitti sa définitive et grandiose allure. Ces Médicis forts, pendant trois siècles, comme une lignée, comme une dynastie royale, tinrent dans leurs mains ce joyau dont l’éclat ne se mésalliait pas aux magnificences de tels maîtres : Florence haletante, assoiffée de grandeurs, bonne, méchante, ingrate, paisible, sanguinaire, se déchirant les lianes, accueillant les proscrits, proscrivant tous les siens, mais belle toujours, du Médicis surnommé le Père de la Patrie, Cosme, jusqu’au Médicis Magnifique ; depuis le Médicis, cardinal adolescent aux frêles épaules ployant sous la pourpre romaine, enfant délicat et raffiné dont le souvenir allait jaillir à travers les siècles et jeter sur l’humanité entière et sur la Papauté le rayonnement superbe de ce nom :