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PARTENZA…

me font souvenir des Murillo rarissimes offerts, à Séville, aux étrangers moyennant des sommes jamais inférieures à un nombre respectable de pesetas ; les affaires se concluent quelquefois, paraît-il, là-bas dans la calle Genova comme ici dans le Borgo Vecchio ou la via Sistina ; et les pesetas et les lires sont comptées… en dollars ou en livres sterling !

Saint-Pierre ! Je croyais échapper, l’ayant subi déjà, au saisissement que produit la vue de cette place monumentale soudain offerte au seuil des vieilles rues tortueuses ; et voilà que je ne puis réprimer un frisson devant cet amoncellement de pierres, devant l’énormité des souvenirs qu’embrassent, comme deux bras gigantesques, les colonnades du Bernin, sous la pesante assemblée des saints aux grands gestes pétrifiés. En face, dans le fond, la coupole triomphante de Michel-Ange se lève, pleine de la souveraine majesté du Siège apostolique rayonnant parmi les splendeurs formidables du génie humain presque divinisé dans la plus sublime peut-être et la plus radieuse expression de sa puissance et de sa beauté…


Dussé-je paraître quelque peu naïvement inflammable, j’avoue que l’enthousiasme m’empoigne facilement et que je ne saurais voir certaines choses dans la complète sérénité de moi-même ; mon émotion, cependant, est calme et recueillie et jamais ne se traduit extérieurement. Je préfère être seul et souffrir du trop-plein de cette émotion, plutôt que de la partager avec une âme qui ne serait pas en parfaite com-

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