Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/193

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venu, grâce à la faveur de Bella, un de leurs chefs sous le nom de Sleipner.

L’attente de ces nouvelles avait causé le retard incompréhensible que le prince mettait à quitter les Pays-Bas pour l’Espagne, où son grand-père venait de mourir, et où le peu de ménagement de Ximenès pouvait allumer une guerre civile. Muni de ces renseignements sur Isabelle, il voulait la rejoindre ; mais en quel lieu ? Comment, d’un autre côté, abandonner les rêves de sa jeunesse près de se réaliser ? Sa couronne, qu’il n’avait jusque-là regardée que comme un jeu, était devenue pour lui un fardeau ; les cérémonies d’avènement qui ne lui paraissaient autrefois que des divertissements agréables, lui semblaient maintenant du temps perdu.

C’est ainsi qu’une horloge vient, d’un timbre inopportun, interrompre une suite de tranquilles et douces pensées.

Si nous ne nous trompons pas, d’étranges caprices, contre lesquels vinrent échouer ses plus importantes entreprises, s’expliquent par cette première imprudence : l’indifférence avec laquelle il prit d’abord le gouvernement, laissant perdre les Espagnes par les infâmes malversations de Chièvres et des siens, les plaisirs matériels dans lesquels il cherchait à s’ou-