Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/220

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Tandis qu’il les regardait, l’image de Melück vint se refléter dans le miroir de l’eau. En cet instant Mathilde était entièrement oubliée ; il était plein de joie d’avoir trouvé par un hasard étrange une aussi excellente amie que Melück. L’intimité grandit bien vite, le tête à tête l’augmente encore, et l’imprévu de l’aventure la mène encore plus loin. Il se trouvait fort à son aise sans habit, il s’y mit bientôt encore plus en déposant toute retenue. La chambre était si parfumée, si fleurie, si moelleuse, que son cœur ne tarda pas à fondre entre les mains de Melück comme un précieux parfum…… Tout le portait au plaisir, et Melück ne lui refusa rien.

Il sortit fort tard de cette maison, sans être vu de personne autre que de Melück. Les premières lueurs du crépuscule qui s’élevaient déjà, auraient pu lui donner un prétexte de rester un jour encore dans cette douce captivité.

Arrivé à une certaine distance, il essaya de rassembler ses souvenirs ; mais il ne se souvint plus de ce qui lui était arrivé : il voyait Mathilde comme si elle eût été devant lui ; dans sa pensée il s’entendait lui dire :

— Amie, me le pardonneras-tu ?

En disant cela, il se cacha la tête entre ses mains,