Aller au contenu

Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais le docteur lui affirma que cette science était très-cultivée en Orient, surtout pour se venger des infidélités ; mais que l’enchanteresse avait besoin pour réussir de posséder quelque souvenir de l’infidèle, venant de sa rivale.

Le comte fut stupéfait. Il avoua à sa femme ce qu’il lui avait toujours caché, la perte de l’habit, que ses larmes avaient rendu sacré ; la comtesse soupira, et le docteur s’écria :

— Ami, vous êtes sauvé si votre pensée est maintenant d’être fidèle à votre femme, et si la sorcière en est jalouse à la mort ; je vais lui chanter un air qui lui fera craquer les membres en mesure.

Il leur dit au revoir, et les quitta fort étonnés.

Frenel, en effet, avait étudié avec toute la curiosité d’un savant les sciences mystérieuses aussi bien que les secrets de fabrication qui donnent dans certaines branches une supériorité unique à l’Orient ; il les avait approfondis avec une rare application. Il écrivit une lettre pleine d’habileté à Melück qui, depuis son malheureux début, ne recevait personne, et s’occupait à orner son hôtel avec un luxe extrême ; il s’introduisit chez elle sans difficulté ; elle reconnut bien que c’était un maître en plusieurs sciences. Lorsqu’il arriva, il la trouva en proie à un abattement ef-